UN ESPACEMENT

Mes doigts glissent. Je suis convaincu que je touche ma propre peau. Pourtant… un souffle à mes oreilles me laisse entendre que ce n’est pas le cas. Il existe dans l’infiniment petit un écart. C’est imperceptible à l’œil nu. J’ai dû me pencher dessus avec le regard du cœur pour le croire. Il a fallu me délester d’un poids sentimental assez conséquent. Extirper ce qu’on a à l’intérieur ne fut pas une mince affaire… j’ai dû passer par une sorcière vivant en banlieue parisienne. J’en tremble encore…


Le résultat est là : mon index est en dessous d’un millimètre de la frontière de mon corps. La raison m’échappe mais la vérité présente. J’ai un espacement. C’est un moi décalé. Je ne suis pas en contact avec moi-même. Peut-être que c’est le cas depuis toujours. Je dois me retrouver. Refaire le lien avec ce qui est profondément moi. Je commence avec ces mots, ces lettres combinées, regroupées, que je m’envoie dans un vaisseau mental. J’envoie. On ne sait jamais avec moi. J’entendrais peut-être un « Allô Houston, ici Toi, enfin Moi, enfin Nous. Je faisais la tête car tu ne m’écrivais jamais. Ton poème de quelques lignes m’a fait du bien alors j’accepte de nous retrouver. J’enlève l’espacement dans trois… deux… un.« 

Et je serais enfin réuni avec moi-même.


Moi qui pensais m'identifier
C'était mal me connaître
Il aura suffi d'une pensée
D'une seconde, pour me défaire

J'agis toujours à l'encontre
De notre rencontre.